Retrouver son désir sexuel : le guide pour les femmes

Elle s’appelle Claire. Elle a 39 ans. Elle est mariée, deux enfants, une vie bien remplie. Quand elle vient me voir pour la première fois, elle me dit : « Je ne comprends pas, j’ai tout pour être heureuse, mais dès qu’il me touche, je me ferme. Je ne ressens rien. Et ça me dépasse. »

Ce que Claire me raconte, c’est ce que vivent des milliers de femmes. Ce n’est pas une histoire de stress ou de fatigue. Ce n’est pas un problème de couple. C’est un rapport flou, inexistant ou mal construit avec le désir sexuel. Claire n’a pas perdu sa libido. Elle ne l’a jamais vraiment développée.

Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi cette situation est extrêmement fréquente, et surtout comment en sortir. Car oui, la libido, ça s’apprend. Et on peut tout à fait redevenir une femme désirante, avec des outils concrets, cliniques, et une bonne compréhension du fonctionnement du cerveau sexuel.

La baisse du désir sexuel chez les femmes est l’un des motifs les plus fréquents de consultation en sexologie. Mais contrairement aux idées reçues, ce n’est ni la fatigue, ni la routine, ni les enfants, ni le stress qui en sont les causes profondes. Ce sont simplement des éléments de surface qui peuvent aggraver les choses. Le véritable problème se situe ailleurs : dans la façon dont une femme perçoit son corps, son excitation et sa capacité à laisser émerger le jeu du désir.

Donc ce ne sont pas des causes extérieures qui vont faire qu’une femme manque de motivation à faire l’amour. Mais plutôt la façon d’une une femme a appris la sexualité.

Voici un guide en trois grandes parties pour retrouver une libido vivante, construite et maîtrisée. Une sexualité qui repose sur des sensations précises et sur l’entraînement à un comportement sexuel épanoui.

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Dégommer les idées reçues : sortir du mythe de la libido « naturelle »

Beaucoup de femmes pensent qu’elles devraient être naturellement désirantes, comme si le désir était une donnée innée. Et que si celui-ci baisse, c’est qu’il y a un dysfonctionnement. C’est faux. Le désir ne tombe pas du ciel. Il se construit.

Ce que la société appelle une « baisse de libido » est très souvent une absence de construction du désir sexuel. C’est-à-dire un manque de repères, de sensations, de scénarios mentaux et d’ancrages corporels. Le cerveau n’a pas de matériaux sur lesquels s’appuyer pour générer du désir.

Anecdote de consultation : une patiente m’avait dit un jour « je crois que j’ai jamais eu vraiment de désir… j’ai toujours fait l’amour pour faire plaisir ».

Ce n’est pas qu’elle avait perdu sa libido. Elle ne l’avait tout simplement jamais construite.

Exercice 1 : le scan des croyances
Prenez une feuille et notez toutes les phrases que vous avez déjà entendues sur la sexualité des femmes. Par exemple : « une femme a moins de libido qu’un homme », « il faut être amoureuse pour avoir envie », « les femmes aiment moins le sexe que les hommes ». Ensuite, surlignez celles qui vous influencent encore aujourd’hui. Et interrogez-vous : que se passerait-il si vous n’y croyiez plus ?

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Travailler son corps : réapprendre à capter les sensations sexuelles

Votre sexe vous envoie des informations. En permanence. Mais si vous n’avez pas appris à les capter, votre cerveau les filtre, les ignore, les éteint.

C’est là que le travail du corps devient essentiel. La libido repose avant tout sur la capacité à ressentir les sensations sexuelles. Souvent les femmes qui manquent de libido ne sentent pas qu’elles commencent à lubrifier. Le cerveau n’enregistre pas le signal. Le désir ne peut donc pas monter.

Exercice 2 : l’observation sensorielle
Fermez les yeux et posez une main sur votre sexe. Essayez simplement de percevoir la température, les contours, les points de contact, sans chercher à obtenir une réaction. Le but est d’entraîner votre cerveau à identifier les sensations sexuelles. Faites-le tous les jours pendant 30 secondes. Ce simple exercice permet de rouvrir les canaux sensoriels.

Exemple utile : comme quand vous portez des lunettes et que votre cerveau finit par oublier leur présence. Si vous ne portez pas attention à vos sensations sexuelles, votre cerveau les oublie aussi. Donc ce n’est pas parce qu’on a une sensation qu’elle va être automatiquement « ressentie ».

Exercice 3 : le scan corporel érotique
Allongée, les yeux fermés, visualisez une zone de votre sexe (par exemple, l’entrée du vagin). Essayez de la ressentir sans la toucher. Puis changez de zone. Cet exercice permet de créer ou renforcer une carte corporelle précise dans le cerveau.

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Se réapproprier la masturbation : l’exercice de la stimulation dirigée

Parmi les outils les plus efficaces pour réactiver le désir sexuel, la masturbation reste l’un des plus puissants. Il ne s’agit pas de se donner du plaisir au hasard. Il s’agit d’entraîner votre cerveau à capter et à traiter les informations sexuelles que votre sexe produit.

Anecdote de consultation : certaines patientes me disent ne jamais s’être masturbées car elles pensaient que c’était « sale » ou « inutile ». Et pourtant, après quelques semaines d’exploration, elles redécouvrent leur plaisir avec une précision inédite.

Exercice 4 : la masturbation dirigée
Choisissez un moment calme. Posez vos mains sur votre sexe et commencez par explorer les différentes zones : grandes lèvres, petites lèvres, clitoris, entrée du vagin. Ne cherchez pas l’orgasme. Décrivez à voix haute ou dans votre tête les sensations que vous ressentez : « ici c’est plus chaud », « là c’est plus dense », etc.

Faites cela 2 à 3 fois par semaine, pendant 1 ou 2 minutes. C’est un exercice d’entraînement sensitif, pas un moment de plaisir au sens strict.

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Travailler son mental : fantasmes, scénarios et activation du cerveau sexuel

Le désir sexuel repose aussi sur l’activité mentale. Le cerveau a besoin de matériel. Si votre « bibliothèque érotique » est vide, il est logique qu’il ne sache pas générer d’excitation.

C’est pourquoi le travail du fantasme est essentiel. Non pas pour être « plus coquine », mais pour fabriquer des scénarios utilisables par votre cerveau dans le comportement sexuel.

Anecdote de consultation : une patiente me dit un jour « je n’ai jamais eu d’orgasme car j’ai l’impression que mon cerveau ne sait pas quoi faire dans ces moments-là ». C’est exactement ça. Le cerveau doit être nourri.

Exercice 5 : le carnet de fantasmes
Prenez un carnet et notez toutes les scènes, images, phrases, souvenirs ou idées qui vous excitent, même un peu. Peu importe si elles sont dérangées, clichées ou absurdes. Ce carnet est pour vous. Lisez-le régulièrement pour entretenir les circuits mentaux du désir.

Exercice 6 : la scène mentale érotique
Fermez les yeux, imaginez une scène sexuelle de A à Z. Qui est là ? Que se passe-t-il ? Quelles sont les sensations ? Imprégnez-vous de chaque détail. Faites cet exercice au calme, sans pression.

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Le désir féminin n’est pas magique c’est la somme des expériences sexuelles

Le désir sexuel chez la femme n’est ni magique ni aléatoire. C’est une capacité qu’on peut construire, affiner, améliorer. En apprenant à capter les signaux de votre sexe et à les traiter, vous redonnez à votre cerveau la matière première du désir.

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Ne laissez plus votre désir en veille. Entraînez-le.