Idée reçue « Je suis clitoridienne ou vaginale et ça ne changera pas »
Zoé est assise confortablement dans mon canapé, elle m’expose le but de sa visite : « Je suis clitoridienne. Mais quand je dis que je suis clitoridienne je veux dire que je ne le suis pas à moitié!
J’adore les stimulations du clitoris. Toutes les façons de le caresser ou quand mon partenaire me donne du plaisir avec sa langue. Donc ça me fait monter très rapidement et très fort à l’orgasme. Rien que le fait de l’effleurer me donne énormément de sensations.
Le problème c’est que pour la pénétration c’est la catastrophe car je ne sens rien du tout. Quand il y a quelque chose dans mon vagin c’est comme si on me caressait l’épaule ou le genou. Donc je n’ai absolument aucune sensation de plaisir. Du coup je m’ennuie énormément quand mon mari me pénètre, à tel point que je refuse parfois qu’il aille dans mon vagin même avec son doigt.
J’ai toujours été comme ça du plus loin que je me souvienne. Même ado quand j’ai découvert la masturbation je ne stimulais que mon clitoris car la pénétration ne me faisait rien.
Donc voilà, je viens vous voir pour savoir si il y a une solution. Moi je pense personnellement que non car je dois être née comme ça. »
Après l’avoir rassurée sur le fait que des solutions existent, je lui donne ses exercices pour découvrir et maîtriser le plaisir vaginal.
Zoé est motivée et après quelques semaines et un parcours de découvertes, d’interrogations, de joies, de doutes et de petites victoires en petites victoires elle revient me voir une dernière fois.
Elle est souriante et semble apaisée. Elle me raconte : » Ca y est! Je maîtrise le plaisir vaginal! J’atteins l’orgasme quasiment à chaque fois et je me suis même découverte femme fontaine! Je n’y aurais jamais cru si on me l’avait dit avant. »
Une zone érogène se construit
Ce qu’il faut bien comprendre c’est qu’aucune zone de votre corps n’est destinée spécifiquement au plaisir. Prenons le clitoris par exemple. Le fait que cette organe vous procure du plaisir est le fruit d’un apprentissage. Ca ne vous est pas tombé dessus par hasard.
Pour qu’une zone soit érogène il faut deux facteurs :
- Des récepteurs nerveux pour donner les sensations au cerveau.
- Une association entre ses sensations et votre monde érotique.
Reprenons l’exemple du clitoris. Il se trouve que cet organe contient vraiment beaucoup de récepteurs nerveux. Donc cela en fait un parfait candidat pour amener un maximum de sensations au cerveau. Plus que le genou par exemple qui en contient beaucoup moins. De plus vous avouerez que vos mains sont particulièrement bien placées pour une stimulation sans trop d’effort.
La tendance va donc être de laisser glisser les mains vers cette zone facilement accessible. De plus elle va réagir rapidement et de façon intense car elle contient beaucoup de récepteurs nerveux. Votre cerveau va tout de suite comprendre que le clitoris est une zone idéale et va y associer votre monde érotique. Au bout de quelque temps, votre cerveau va faire une connexion automatique, un raccourci si vous préférez, du genre : clitoris=plaisir. Et boum! Une zone érogène de créée.
Evidemment c’est bien pratique que le clitoris ait toutes les caractéristiques pour devenir facilement une zone érogène. Car cela va créer un appel des caresses et des stimulations sexuelle vers la vulve et le vagin. Et donc va être un des socle du désir d’être pénétrée.
Etre vaginale nécessite un peu plus d’efforts
Pourquoi c’est plus difficile? La raison est toute simple une fois que l’on connait la manière dont les zones érogènes se construisent. C’est parce que le vagin contient moins de récepteurs nerveux que le clitoris. De plus l’accès est moins facile car il nécessite une petite contorsion par rapport à la stimulation du clitoris. Donc pour apprendre à être vaginale cela demande un tout petit peu plus d’effort.
Comme il y a moins de récepteurs nerveux cela va aussi demander des stimulations différentes. Plus « profondes » justement. Donc il faut être plus patiente et bien à l’écoute de votre corps pour, comme à chaque fois quand on parle de sexe, faire cet apprentissage.
Pourquoi s’arrêter au clitoris et au vagin?
Si vous ne l’avez pas vu je vous recommande vivement de regarder « Intouchables » avec Omar Sy et François Cluzet. Car il y une scène très intéressante dans ce film pour illustrer cet article.
Le personnage de François Cluzet est tétraplégique. C’est-à-dire qu’il n’a plus de sensation sous le cou. A un moment il a une relation sexuelle et il demande que la femme lui caresse les oreilles.
Allez! Vous aller bosser un peu parce que moi je suis fatigué. Du coup dites moi dans les commentaires pourquoi il lui demande ça, bon courage! 😉
Matthieu Tison est titulaire d’un Diplôme Inter-Universitaire d’Étude de la Sexualité Humaine délivré par la faculté de médecine de Cochin à Paris V. Par la suite, il a poursuivi sa formation pendant 18 mois auprès de ses collègues québécois à l’Académie du Sexocorporel Desjardins.
Depuis 2013, il offre un accompagnement à des individus célibataires ou en couple cherchant à mieux comprendre leur sexualité. Il est souvent sollicité par des hommes en quête de solutions pour traiter des problèmes d’érection et d’éjaculation. De même, les femmes le consultent fréquemment pour des questions relatives à la libido, à l’orgasme et aux douleurs lors des rapports sexuels.
Matthieu Tison a lancé LeBlogSexologue.com au début de l’année 2020 dans le but de fournir à tous des ressources pour s’épanouir dans leur sexualité